dimanche 8 mars 2020

Comme une évidence : une nouvelle spin-off du roman


Une commande pour ELLE.FR

Lorsque mon éditeur Florian Lafani me propose d'écrire une nouvelle pour le site ELLE.FR,  sur la thématique de l'anniversaire, j'ai déjà en tête l'idée d'écrire une histoire en lien avec le roman à venir; une sorte de spin-off autour d'un des personnages de "Cinq cartes brûlées": Marie-Anne Lahire-Bashert. 

La difficulté, bien sûr, est de ne surtout rien déflorer du roman, d'approcher les personnages, de leur donner un autre éclairage, d'imaginer un évènement parallèle à l'intrigue du roman à paraître. Et je sais où  situer mon histoire : le soir où Marie-Anne, si discrète sur elle-même, sa vie et son métier, revient de son cours de danse et croise son mari dans la cuisine. Une séquence dans laquelle je sous-entends qu'elle ne dit pas toute la vérité à Bernard sur ce que fut, en réalité, sa soirée.




Son secret est donc révélé dans cette nouvelle, mise en ligne sur le site ELLE.FR sous le titre Comme une évidence

Retrouver son âme soeur

Dans la nouvelle, il est question d'un anniversaire particulier, certes, mais surtout d'un sujet sur lequel j'ai déjà écrit: la tentation de retrouver un/son amour de jeunesse (Dans l'oeil noir du corbeau, Pocket). Et je vais me focaliser sur un de mes anciens camarades de classe de 3ème, Etienne B., dont le souvenir va me permettre de modeler le jeune homme que Marie-Anne n'a pas oublié. 
Si je choisis ce garçon (qui n'est pas un amour de jeunesse !), c'est parce qu'il était à l'époque, un élève hors du commun. Et j'ai toujours eu la curiosité de savoir ce qu'il était devenu. Au collège, déjà, il me fascinait par son intelligence, ses résultats scolaires. Son attitude était très réservée et son regard un peu triste, presque gris. Il communiquait peu - en particulier avec les filles - s'habillait de vêtements trop courts, avait les cheveux taillés en brosse (coupés par sa maman, je crois), et jouait du violon. Une sorte de Harry Potter avant l'heure. Pour mériter son attention, il fallait se lever tôt. Et je crois n'avoir jamais éveillé chez lui la moindre curiosité, à l'époque, mes résultats étant loin d'égaler les siens.




Etienne était plus qu'une grosse tête destinée à une filière scientifique. Il avait une réelle fibre artistique et, j'allais le découvrir plus tard, un vrai sens de la dérision. Nous avions ensemble joué dans une pièce de théâtre montée par notre professeur de français, ce qui avait contribué à créer une sorte de camaraderie entre nous. J'avais suivi de près la métamorphose de ce garçon élevé dans la rigueur et l'exigence de parents enseignants au sein d'une famille nombreuse, et qui, un jour, est arrivé au collège avec un anneau à l'oreille! Je l'imaginais en grand scientifique, chercheur  et directeur de thèse au CNRS... Et c'est bien là que je l'ai trouvé, plus de 35 ans après, grâce à Internet. Un géant au sourire généreux et pour lequel mon affection était restée la même. Nous avons trinqué et parlé avec un grand bonheur de nos années de collège et lycée, de nos adolescences réciproques, et aussi de ce que nous sommes devenus. Et sans surprise, Etienne m'a révélé qu'il travaillait sur un projet littéraire passionnant et pour lequel je l'ai assuré de mon aide. Ce garçon est exceptionnel, je l'avais bien perçu. Est-ce que j'aurais essayé de retrouver Etienne si je n'avais pas eu cette nouvelle à écrire? Est-ce que j'aurais osé reprendre contact au risque de me faire envoyer sur les roses ? Quoi qu'il en soit, ces retrouvailles ont été inspirantes et enrichissantes pour l'un et pour l'autre. Et elles ont donné une impulsion à l'écriture de la nouvelle pour ELLE.FR, laquelle raconte de toutes autres retrouvailles...

Photo de ma classe de 3ème, au Collège et Lycée Georges de la Tour, à Nancy (1980). Etienne est au deuxième rang, deuxième garçon en partant de la droite. Je suis au 3ème rang, sous le tableau de Georges de la Tour. En blanc, notre professeur de Français et de Latin, madame Gardoni.


De la fiction à la réalité

Comme toujours lorsque je travaille sur un roman, j'établis un profil pour chaque personnage. Marie-Anne, bien que son rôle soit secondaire, a son importance dans Cinq cartes brûlées.  Elle exerce la profession de juge au tribunal d'instance de Saint-Flour. Elle est aussi l'épouse d'un médecin thermal, Bernard Bashert. Je l'imagine plutôt blonde, cheveux long, visage oval, une belle femme un peu sèche approchant doucement de la cinquantaine. Je la construis en m'inspirant d'expériences personnelles comme pour tous mes personnages, qu'il s'agisse d'exprimer un ressenti intime, ou d'une projection dans un décor, une époque et une situation sentimentale donnée.
Puis, en travaillant sur la nouvelle, je cherche de la documentation sur le tribunal d'instance où mon personnage est censé travailler. Et je déniche un article dans lequel il est question de sa fermeture récente, suite à la dernière réforme du ministère de la Justice. 
Une photo accompagne l'article. La voici:



 J’avais imaginé Marie-Anne, et voilà qu'elle m'apparaît sous les traits d'une juge ayant occupé un même poste dans ce tribunal. Il est vrai qu'aujourd'hui, les femmes sont plus de 66% à occuper des postes dans la magistrature...
Je suis cependant toujours troublée par ces instants où l'imaginaire rejoint la réalité. Cette femme aux manches retroussées et au si beau sourire, a sans le savoir, contribué à incarner un personnage de fiction.

Je vous laisse, à présent, découvrir cette nouvelle sur le site de ELLE.FR.




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