mercredi 27 mai 2020

Thriller psychologique? Roman noir ou blanc? Faites vos jeux!

Cinq cartes brûlées n'est pas un thriller frisant avec l’horreur autour des codes du genre (emprisonnements, confinements) accompagné de tortures. Je laisse cela à d'autres auteurs plus à l'aise que moi dans ce domaine. Mais qu'en est-il vraiment du genre? Pour les plus pragmatiques d'entre vous, cette question importe. Certains lecteurs aiment savoir à quoi s'attendre avant d'ouvrir un livre et de plonger le nez dedans. Et je remercie mon ami Yvan Fauth, toujours attentif aux détails, à la manière de faire et curieux de nature, de m'avoir inspiré cette page du blog.


Photo: Maryline Kharto


Thriller psychologique? Roman noir? Littérature générale? A quel genre appartient donc Cinq cartes brûlées?


Il est vrai que Cinq cartes brûlées n'a pas la trame habituelle de l’enquête (celle-ci étant reléguée à la fin du livre). Il raconte à la fois le "dedans" et le "dehors" de l’héroïne du roman, et recourt à la double narration. Cependant, il est fermement ancré dans le noir. 
Explications (source Wikipedia):

Pour la petite histoire, le genre du roman noir puise ses racines au XIXème siècle (Zola, Balzac, Eugène Sue) et naît véritablement aux États-Unis dans les années 1920 (Dashiell Hammett), avec pour ambition de rendre compte de la réalité sociétale du pays. Puis le roman noir connaît véritablement son essor après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, il désigne un roman inscrit dans une réalité sociale précise, il est porteur d'un discours critique, voire contestataire. Le roman noir se fixe ses propres frontières en s'opposant au roman d'énigme, car le drame se situe dans un univers moins conventionnel, moins "ludique".

Dashiell Hammett

Le roman noir est effectivement difficile à définir du fait de sa structure mouvante et ses diverses variations au fil du temps. Cependant, voici certains éléments récurrents qui le caractérisent : 
un univers violent
un regard tragique et pessimiste sur la société
un fort ancrage référentiel
un engagement politique ou social
D'autres critères peuvent être ajoutés à cette définition par leur présence répétée dans le roman noir comme le behaviorisme (ou comportementalisme) - l'histoire et le comportement d’un personnage sont liés à son environnement, à son passé.

La figure du méchant

Concernant le thriller psychologique, il se caractérise par des manipulations psychologiques, des traques ou harcèlements liées à des obsessions. Dans les thrillers paranoïaques, des éléments tels que la théorie du complot, les fausses accusations et la paranoïa sont récurrents. Cinq cartes brûlées sur ce point peut être considéré comme un thriller psychologique (C'est d'ailleurs ainsi que le qualifie mon éditeur), dans la mesure ou je manipule le lecteur en multipliant les fausses-pistes et en dissimulant des choses autour des membres de la famille Graissac, notamment. Et surtout, principe récurent du thriller, le «méchant» est connu depuis le début (enfin, presque…)



Oui, on me pose souvent la question du genre à propos de mes livres.
Un livre a la couleur de son histoire.
Ce qui compte à mes yeux, c’est l’émotion que le lecteur va ressentir (ou pas) en le lisant, l’envie (ou pas) de tourner les pages, l’adhérence (ou pas) à l’histoire, et surtout, ce qui va lui rester en tête après lecture.
Et la question du "genre" est celle qui m'horripile le plus. Auteur? Autrice? Auteure? J'ai bataillé dur pour gagner ma place "d'auteur," ce n'est pas pour m'entendre dire aujourd'hui "ah, non Sophie, tu es une autrice", comme si ma plume devait se distinguer de celle d'un homme. Cependant, je comprends ce combat nécessaire : il est important de reconnaître et de redonner place à ce mot qui nous vient d'un lointain passé. Un passé si lointain qu'on a même oublié que des hommes l'ont rayé des livres et de leur vocabulaire car une femme ne pouvait décemment être pensante et de plume.

La féminité caractérise ma vie, mes émotions, mon romans, mon ventre.
Alors, romancière, voilà le mot que j'embrasse; il sonne comme une romance d'hier, faussement légère, dont le souvenir puissant vous habiterait encore...





3 commentaires:

  1. Merci pour ce roman. Oui les ingrédients du roman noir y sont présents mais pour moi, toute la force de l'œuvre vient de sa construction : plusieurs voix,plusieurs moments, personnages...on adhère à la noirceur du protagoniste, comment peut-il en être autrement...en même temps on espère un changement...
    La chute finale est géniale...

    Je ne vous connaissais pas, je vais lire d'autres ouvrages...
    Romancière, je suis d'accord, le lexique se complique parfois bien la vie...

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  2. Уважаемый Антон, Спасибо за эту информацию и эти детали.

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  3. Bonjour Sophie,
    en flânant dans une espace culturel d´une grande surface bien fourni en livres, étant dans l´ambiance "vacances estivales", je me suis laissé attirer par votre livre "5 cartes brûlées".

    Au-delà du thriller psychologique qui nous emmène en mode crescendo dans l´horreur, cette histoire appelle aussi les parents à être proche de leur(s) enfant(s).
    Merci pour cet ouvrage prenant, alertant. Je m´autoriserai dans quelques jours à en dire quelques mots sur mon blog.

    Bonne continuation

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